La colonie végétarienne

La colonie végétarienne dite du Mont de la Vérité, installée prés d’Ascona, sur le lac Majeur, vient de se dissoudre. Elle avait vécu cinq ans.

Son fondateur, un Allemand qui avait recueilli là une population de types originaux venant de tous les pays, a reconnu la faillite de son entreprise, et les chalets d’Ascona curiosité pour les touristes qui visitaient les lacs italiens sont fermés.

Les habitants de cette colonie prétendaient donner au monde l’exemple de la seule vie qui pût assurer bonheur et santé. Ils s’efforçaient donc de rapprocher l’homme de la nature primitive. Ils ne mangeaient pas de viande rien que des fruits et des légumes. Ils couchaient sur la terre nue sans couverture et n’entraient dans leur chalet que pour se livrer à l’étude de la philosophie ou… pour jouer du Wagner.

Tous les jours ils prenaient nus un bain de soleil.

La colonie goûta au début des jours de paix et de bonheur. Mais bientôt les dissensions avaient commencé à la déchirer. C’est à la suite d’un de ces schismes, que Méva, un ancien consul de Belgique, l’un des chefs de la colonie, vint à Paris. Il se promenait sur les boulevards avec un grand manteau blanc, sans chapeau, les cheveux coupés à la nazaréenne, des sandales noires aux pieds.

Tous les journaux s’occupèrent de lui pendant trois jours.

Figaro (Paris), 55. Jahrg., 29. August 1909, Nr. 241, S. 1. Online