Des rivages de la Côte d’Azur, où l’on s’est beaucoup diverti, pendant un an, de ses excentricités, vient de débarquer à Paris un ancien consul de Belgique aux Indes Néerlandaises, nommé Salomonson, qui, depuis quatre ans, sous le pseudonyme de „Méva“, a renoncé aux habitudes de la civilisation, pour revenir à ce qu’il appelle la „vie naturelle“.
L’Homme-Nature, comme il se définit lui-même, laisse pousser ses cheveux et sa barbe, n’est vêtu que d’une robe de bure blanche, ne porte pas de chapeau, couche sur la terre et se nourrit exclusivement de choux, navets, carottes, artichauts, radis et autres légumes du même genre, qu’il consomme crus. Il condamne absolument l’usage du sel. Dans un prospectus qu’il répand à profusion, le nouvel apôtre de la vie naturelle se vante de n’avoir pas bu depuis la fin de septembre 1901, et préconise les bienfaits de cette abstention.
Voltaire disait à Rousseau: „Vous donnez envie de marcher à quatre pattes!“ L’Homme-Nature néglige de nous dire s’il rampe à terre pour brouter les légumes panachés qui font la base de son alimentation. Paris, grand enfant, s’amuse déjà des allures et des doctrines du nouvel apôtre, dont la robe blanche, ameutant les gamins et les badauds, fait le désespoir des agents placides.
Paris, 29. Jahrg., 31. Mai 1906, S. 1. Online
Vgl.
Des rivage de la Côte d’Azur…
Le Gaulois (Paris), 29. Mai 1906.