La fin d’un roman

Les débats du procès en divorce intenté par Léopold oelfling, ex-archiduc d’Autriche, contre sa femme, Mlle Adamovitch, viennent de s ouvrir à Genève.

Ainsi finit prosaïquement un roman princier qui avait en son temps fait grand bruit.

Me Lachenal, ancien président de la Confédération suisse, qui avait déjà défendu la princesse Louise de Saxe, a exposé les doléances de Léopold Woelfling devant la chambre de M. Robert Fazy, président du tribunal de première instance.

Quelque temps après son mariage, Mme Woelfling se mit à suivre, avec une extrême rigueur, la mode végétarienne telle qu’elle règne dans l’établissement d’Ascona. C’est la vie au soleil dans un enclos; les fidèles ne portent, comme vêtement, qu’un voile indispensable; ils ne se nourrissent que de racines, de carottes et de fruits crus; les légumes cuits sont interdits; les hommes doivent laisser pousser démesurément leur barbe et leurs cheveux.

Léopold Woelfling suivit d’abord cette pratique pour complaire à sa femme; mais bientôt ce régime eut un effet déprimant sur lui; il voulut vivre comme tout le monde. Alors, il eut à essuyer les reproches de sa femme, reproches accompagnés de manifestations d’un caractère d’obsti nation et de jalousie.

Des commissions rogatoires décernées à Zoug, il résulte — d’après les dépositions des deux domestiques de la villa et de deux autres personnes fréquentant la maison —, que la vie était intenable pour Léopold Woelfling.

C’est pourquoi Me Lachenal demande que le divorce soit prononcé au profit de son client.

Léopold Woelfling n’était pas présent à l’audience ; sa femme 11e s’était pas fait représenter.

Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 86. Jahrg., 28. Juni 1907, Nr. 52, S. 1. Online