Un phalanstère allemand (L’Humanité)

Il y a quelques années des Allemands ont fondé sur le plateau de Locarno une colonie communiste végétarienne, mais une scission vient de se produire dans cette communauté parce que plusieurs de ses membres ont atténué les rigueurs du végétarisme. Les “orthodoxes” se sont établis dans les environs d’Ascona, de Ronco et d’Orselina où ils ont acquis de vieilles masures abandonnées. Leur règlement est-si sévère qu’ils ne prennent pour aliments que “les plantes qui poussent en haut.”

C’est ainsi qu’ils répudient les pommes de terre, les navets, les carottes plantes qui, selon la définition des colons “poussent en bas”. Un des principaux personnages de la colonie est un ancien officier prussien qui est venu, s’établir là avec sa femme, une musicienne consommée. Le couple ne paie ses fournisseurs qu’avec des légumes qu’ils cultivent dans le jardin. Un jour la femme avait eu recours aux soins d’un dentiste. En guise de paiement elle lui a chanté, une romance, car l’argent est prohibé dans la colonie.

La Voi Ordinaire

L’Humanité (Paris), 3. Jahrg., 28. Mai 1906, Nr. 771. S. 1. Online