Le Divorce d’un ex-Archiduc (Le Petit Journal)

L’archiduc Léopold d’Autriche, qui était devenu M. Léopold Woelfling, vient de rompre son mariage avec cellequi fut Mlle Adamovic avant de l’épouser.

(Dépêche de notre, correspondant)

Genève, 1er Juillet.

Le tribunal de première instance de Genève a rendu ce matin son jugement dans l’instance en divorce introduite par Léopold Woelfiing, ex-archiduc d’Autriche, contre sa femme, née Adamovic.

Le tribunal a prononcé le divorce à la requête et au profit du mari.

On se rappelle le scandale que provoquèrent, il y a quelques années, à la cour de Vienne, la liaison, puis l’union d’un des membres de la famille des Habsbourg avec une marchande de tabac, soeur d’une danseuse.

L’empereur François-Joseph fit tous ses efforts pour détourner l’archiduc de ce fâcheux attachement. Tout fut inutile: l’archiduc Léopold renonça à ses titres d’archiduc d’Autriche, prince royal de Bohême et de Hongrie, à ses charges dans l’armée et à son grade de chevalier dans l’ordre de la Toison d’Or. Il quitta l’Autriche avec celle qui l’aimait et l’épousa. Les deux nouveaux mariés se réfugièrent dans une petite localité suisèe, à Ascona, où se trouvait u”ne colonie végétarienne; la nouvelle épouse appartenait à cette secte qui n’admet comme nourriture que les fruits et les légumes et, comme vêtement, que des chemises de toile flottantes et courtes.

Pour complaire à sa femme,’ l’archiduc Léopold accepta tout d’abord ce genre d’existence; mais, après quelque temps de régime végétarien et de vie primitive, il alla s’établir à Genève et s’y fit reconnaître comme citoyen suisse sous le nom de Léoppld Woelfling.

Dès lors, la mésintelligence éclata entre les deux époux; Mme Woelfling reprochait à son mari l’abandon des pratiques de là colonie d’Ascona qu’elle n’avait pas délaissées, bien au contraire. La vie commune devint insupportable à tel point que l’ex-archiduc se décida à demander le divorce,
non pour rentrer en grâce auprès de l’empereur d’Autriche mais pour retrouver le calme domestique.

Lors de la conciliation devant le président du tribunal, Mme Woelfling déclara qu’elle ne voulait pas faire le malheur de son mari et, qu’elle ne s’opposerait pas au divorce; mais quand on voulut lui remettre l’assignation, elle refusa de la recevoir. L’enquête qui eut lieu pendant le procès
a établi que la vie commuhe était devenue intolérable pour l’ex-archiduc.

C’est M. Lachenal, l’avocat génevois, qui a présenté la demande en divorce.

Le Petit Journal (Paris), 45. Jahrg., 2. Juli 1907, Nr. 16258, S. 3. Online