Les végétariens vont tenir un congrès très prochainement, vers le 20 avril, où ils exposeront la valeur de leur doctrine et, par des exemples variés, démontreront la solidité de leurs estomacs et la robustesse de leurs muscles. Le prix de la pension sera, pendant ce congrès, de cinq francs par jour, logement compris. Un vrai prix de guerre. Les organisateurs, qui prétendent que “toutes les causes de la guerre sont des prétextes trompeurs, des fantômes agités devant les masses”, ont des noms ne laissant aucun doute sur la nécessité d’ecarter les véritables origines de cette conflagration. Ils s’appellent Birnkoff, Hofmann, O. Borngräber, Oedenkoven, tous noms bien latins. Ce congrès végétarien-social se tient pour la première fois. Il est étranqe qu’on ait choisi cette année de malheur pour palabrer sur les bords d’un lac. On aurait pu, semble-t-il, par respect pour le sang qui coule, attendre un moment plus favorable. A moins que l’on espère, dans ce congrès, faire le jeu de ceux qui, après avoir déchaîné la tuerie, ne seraient pas fâchés d’en voir la clôture pour sauvegarder leurs intérêts.
La Tribune des Lausanne, 24. Jahrg., 22. März 1916, Nr. 81, S. 3. Online: La pointe du jour.