Les cures naturistes

Il a été beaucoup question cette année d’un établissement de cure similaire, fondé au Monte Vetita, près de Locarno, par un Hollandais, M. Oldenkove. Victime de l’existence factice et du surmenage des villes, puis guéri par une cure faite dans un sanatorium, végétarien, il a voulu continuer à vivre à l’état de nature et faire profiter ses semblables de son expérience.
C’est alors qu’il est allé fonder au Monte Vcrita son établissement du cure. Sur la montagne, dans un site admirable, sont disséminés des pavillons de bois rustiques, largement aérés et simplement meublé ; chaque famille a le sien. Le matin, hommes et femmes, nus dans leurs onclos respectifs, prennentle [sic!] bain de soleil, puis les bains d’eau et font de l’exercice en cultivant le jardin. A midi et demi, tout le monde se rend dans le pavillon central pour le repas; les pensionnaires sont habillés aussi légèrement que possible d’étoffes poreuses; la tête, le cou, les bras et les jambes restent à découvert.

L’installation du pavillon d’alimentation rappelle un peu celle do nos bars automatiques; après avoir consulté la carte du jour, le naturiste compose son menu et l’inscrit sur une feuille de papier qu’il glisse dans une boîte. Quelques instants après, il va ouvrir le tiroir numéroté qui lui appartient sur le mur du fond de la salle, et il trouve là sur un plateau dans
des soucoupes en aluminium, les aliments qu’il a commandés. Il emporte son repas pour le manger n’importe où dans un coin du parc. Après quoi il rapporte lui-même plateau et vaisselle dans un bassin d’eau courante où se fait le nettoyage; le régime est exclusivement végétarien; il se compose do bouillies, de pain complet, de biscottes, de légumes, de fruits secs et de fruits frais, de compotes; les plats les plus compliqués, désignés sous le nom de brouets, sont, par exemple, un mélange de noix de coco et de cassis, d’amandes et de fraises, ou bien encore du riz à la tomate ou du gruau de blé vert. La plus grande sobriété est de rigueur.

Il n’y a pas de domestiques au Monte Yerita; chacun y fait sa chambre et son lit; la besogne est d’ailleurs simplifiée par des robinets d’eau chaude et d’eau froide et par une vidange automatique.

En résumé, les naturistes du Monte-Verita combinent la cure atmosphérique de Rikli avec une diète végétarienne sévère.

Marcel Labbé, Le Journal des Débats politiques et littéraires, Vol. 199, 17. Oktober 1907. Nr. 288, S. 1-2 (Auszug). Online: Les cures naturistes.